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Mon théâtre

C’est le moment, l’instant, la dernière soirée… c’est maintenant… Les portes se sont fermées sur le dernier spectateur. Il s’éloigne, de dos, dans la brume de ce soir. Il avait encore des choses à dire, il fallait fermer. Un dernier sourire, une révérence, le rideau de fer s’effondre bruyant sur la façade du théâtre. Les lumières s’éteignent. Ils partent tous avec un bon souvenir, en tous cas, je leur souhaite, j’ai tout fait pour. De l’autre côté du rideau de fer, des grilles et des portes, je rentre, seul, avec cette fatigue qui me tient tant au corps et ne me quitte plus depuis quelques temps.

Nous avons joué, pendant 48 ans à guichet fermé. Nous avons joué pendant toutes ces années tous les styles, tous les jours, tous les soirs, toutes les créations, toutes les imitations, toutes les musiques et les danses de ce monde, toutes les envies de partage, de ces moments heureux lorsque, portes fermées, le rideau pourpre se levait et même lorsque noir, les moments n’étaient pas heureux.

Je m’occuperai de la caisse demain matin, je n’ai pas de compte à régler ce soir… je crois que nous avons tous été quittes. Malgré tout, par prudence, je la prends sous mon bras, je rentre par la porte basse dans ce lieu que j’aime tant.

Théâtre, je l’aime lorsque le public est parti ou pas encore arrivé. Lorsque je suis seul avec lui, rideau sur scène encore ouvert, sur le plateau brillant, en lumières. J’aime son parfum, toutes ses promesses, la douceur du velours, ses fards et ses attraits. Je l’aime parce qu’il est encore là, debout, sans dessus, sans dessous. Je l’aime avec ses souvenirs de rires et de présences. Je l’aime pour son espace public, son entrée surannée mais élégante, sa buvette bien sympathique, ses coulisses rieuses aux amitiés restées, et son plateau où tout peut être interprété, où tout peut arriver pour le meilleur comme pour le pire.

C’est l’heure de m’installer, de m’asseoir, de m’effondrer… de l’autre côté et de le regarder. Assis… pour une fois sur ces chaises rouges. Regarder ce plateau noir, la scène de mes 48 années de ce spectacle qui vient de se dérouler… alors que j’étais en coulisses ou sur scène sans me voir jouer.

Ce soir, on ferme pour travaux… on ferme pour 9 mois. Date de réouverture incertaine… mais pour la connaître, inscrivez-vous. Programmation à découvrir, vous allez aimer notre nouvel intérieur. J’ai hâte que ça commence, que le chantier s’installe… Je vais en faire quelque chose d’encore plus beau, d’encore plus chaud, d’encore plus grand et de bien vivant.

Salut, révérence, noir… et merci. On ferme ! Au théâtre ce soir, il n’y a plus personne à l’affiche.

LORAN
Deviens qui tu es et tu mettras le feu au monde – Sainte Catherine de Siennes

Laurent COLLIN comédien

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