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Chercher à me rapprocher de toi parce que c’est beau d’apprendre à te connaître

Écoutez Nicolas Maury lire un passage de « Manque » de Sarah Kane, une magnifique déclaration d’amour.

source : France Inter

Je veux jouer à cache-cache et te donner mes vêtements et te dire que j’aime bien tes chaussures et m’asseoir sur les marches pendant que tu prends ton bain et te masser le cou et embrasser tes pieds et te tenir la main et sortir dîner sans m’énerver quand tu manges dans mon assiette et taper ton courrier et te porter tes affaires et rire de ta paranoïa et te donner des cassettes que tu n’écoutes pas et regarder des films géniaux et regarder des films nuls et me plaindre de la radio.

Et prendre des photos de toi quand tu dors et te parler du programme que j’ai vu la veille à la télé et t’amener à la clinique des yeux et ne pas rire à tes blagues et avoir envie de toi le matin mais te laisser dormir et t’embrasser le dos et te caresser la peau et te dire comme j’aime tes cheveux, tes yeux, tes lèvres, ton cou, tes seins, ton cul, ton… Et fumer assis sur les marches jusqu’à ce que ton voisin rentre et fumer assis sur les marches, jusqu’à ce que tu rentres et m’inquiéter quand tu es en retard et m’émerveiller quand tu es en avance.

Et te donner des tournesols…
…et me trouver désolé quand je suis dans mon tort, et heureux quand tu me pardonnes.

Et regarder tes photos et désirer t’avoir toujours connue et entendre ta voix dans mon oreille et sentir ta peau contre ma peau et te dire que tu es splendide et te serrer contre moi quand tu es anxieuse, cette étreinte, quand tu as mal et te vouloir rien qu’à sentir ton odeur et te blesser quand je te touche, gémir quand je suis à tes côtés, gémir quand je ne le suis pas et te recouvrir dans la nuit et avoir froid quand tu tires la couverture et chaud quand tu ne le fais pas et ne pas comprendre pourquoi tu penses que je te rejette quand je ne te rejette pas et me demander comment tu pourrais bien penser que ça pourrait un jour arriver et me demander qui tu es, mais t’accepter de toute façon.

Et te parler du garçon arbre et ange à la fois, de la forêt enchantée qui a traversé l’océan parce qu’il t’aimait, et t’écrire des poèmes, me demander pourquoi tu ne me crois pas, éprouver un sentiment si profond que je ne trouve pas les mots pour l’exprimer et avoir l’idée de t’acheter un chaton.

Et j’en serais jaloux parce que tu t’occuperais plus de lui que de moi et te garder au lit quand tu dois t’en aller et pleurer comme un bébé quand tu finis par le faire, et t’acheter des cadeaux dont tu ne veux pas et que je remballe, comme d’habitude, et te demander en mariage pour que tu me dises non, comme d’habitude, et que je recommence malgré tout, parce que même si tu penses que je ne le souhaite pas pour de bon, c’est exactement ce que je veux depuis ma toute première demande.
Et errer dans la ville en trouvant que sans toi, elle est vide et vouloir ce que tu veux, et me dire que je me perds mais, tout en sachant qu’avec toi, je suis en sûreté et te raconter ce que j’ai de pire, et te donner ce que j’ai de mieux parce que tu ne mérites pas moins. Et répondre à tes questions quand j’aimerais autant pas, et te dire la vérité quand je n’y tiens vraiment pas, et chercher à être honnête parce que je sais que tu préfères, et me dire : « tout est fini », mais tenir encore dix petites minutes avant que tu ne me sortes de ta vie, et oublier qui je suis, et chercher à me rapprocher de toi parce que c’est beau d’apprendre à te connaître et ça mérite bien un effort.

Et m’adresser à toi dans un mauvais allemand et en hébreu, c’est encore pire. Et faire l’amour avec toi à trois heures du matin et peu importe, peu importe, peu importe comment, mais communiquer un peu de l’irrésistible et mortel, invincible, inconditionnel, intégralement réel, pluri-émotionnel, multi-spirituel, tout fidèle, éternel amour que j’ai pour toi.

Sarah KANE – Manque

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